“Savez-vous que toute l’élégance de l’homme moderne chinois se devine à ses chaussettes? A Taiwan, on a récemment fermé une école de gigolos liée au milieu mafieux. Et qu’est-ce-que l’on y apprenait entre autres? A ne pas porter des chaussettes blanches pour séduire les vieilles dames ou les jeunes urbaines.

J’ai voyagé six fois en train ce dernier mois. Toutes les 10 minutes, un vendeur-camelot passe avec son chariot. Magazine à 10 kuais. Nouilles instantanées à 5 kuais. Bière à 10 kuais. Location de dvds… Mais le meilleur numéro reste le vendeur de chaussettes.

Il y en a des bons et des moins bons. J’en ai même vu un avec un haut-parleur portatif à la taille. Il faut bien que la voix porte sur toute la longueur du wagon-couchettes, soit 126 clients potentiels.

Vient ensuite tout l’argumentaire de vente avec ses 3 avantages :

1. Prenez une barette de cheveux et percez le haut de la chaussette. Ensuite faites coulisser plusieurs fois de suite la barette de haut en bas. On ne constate aucune déchirure. Essayez de le faire avec vos chaussettes DD en fil d’Ecosse… vous verrez bien.

2. Prenez votre briquet et passez la flamme sur la chaussette. Elle ne brûle pas. Là, on est presque convaincu. On commence à tâter son portefeuille et à penser à tout l’argent que l’on pourrait se faire en exportant cette merveille.

3. Le dernier argument est celui qu’on appelle dans le jargon commercial, “le coup de massue” où le client est conquis. Enfilez la chaussette sur la barre qui supporte les baggages. Mettez vos deux mains dans la chaussette et suspendez vous pendant 10 secondes. La chaussette tient le choc. On ne constate aucune déchirure.

J’en ai acheté deux paires, la meilleure performance depuis le début de mes voyages en train. Phoenix d’Or du meilleur camelot de train.

Pour les commandes internationales, c’est 15 euros pour les deux paires de chaussettes, livraison à domicile gratuite contre un dîner.”

Dans un train en Chine, le 4 décembre 2003.